20 Juin 2009
20 ans que j’y pensais plus ou moins consciemment,
3 ans que j’en parlais ouvertement,
2 ans que je le préparais
Ça y est, aujourd’hui, nous serons.... au Cap Nord !
En en plus, c’est l’anniversaire d’Isa.
On va être servi :
9h15, 8°C et neige !
30 bornes après Alta, c’est tout simplement l’enfer, les pires conditions de route que j’ai pu connaître en 30 années de moto.
Entre 3 et 6 °C, pluie ou neige; et surtout un vent d’une force inouïe qui balance nos 500 kg dans tous les sens !
Parfois, je redescends en 4ème pour contrer le vent; parfois on gite de 20 degrés pour essayer d’aller droit.
Croiser les bus revient à traverser la route dans les deux sens et c’est de pire en pire !
Avant d’atteindre l’île d’Honningsvag (sur laquelle se situe de Cap Nord), en longeant une falaise, une petite combe qui concentre le vent est à deux doigts de coucher la moto et nous avec. Il s’en faut de peu que cette bourrasque m’arrache la moto des mains et ça caille vraiment fort.
Ceci dit, pendant ce temps là, les Norvégiens ont organisé ... un marathon. On double des coureurs en short et t-shirt. On ne doit pas être faits pareil.
On descent à 40 km/h et le seul répit dure 8 km; c’est le tunnel qui permet de rejoindre l’ile du Cap Nord.
A l’entrée d’Honningsvag, on s’arrête chez shell et j’emprunte leur transpalette pour déposer Isa dans la zone de décongélation!
Je la réanime avec du cappuccino et un hot-dog.
Sa «bravitude» force le respect !
La patronne de la station :
- nous regarde comme des martiens,
- nous explique que le dernier été remonte à 3 ans en arrière, elle s’en rappelle très bien, c’était un jeudi !
Sa chaleur humaine tombe à point nommé pour nous requinquer.
A 14 H, nous sommes devant «notre» rorbu (Nisa). Le proprio est un Norvégien fort sympathique et plein d’humour (tout arrive).
La cabane est à son image, accueillante.
On vide la moto et on repart au port pour faire des courses pour le repas d’anniv’ d’Isa.
Blinis, saumon, bière, gâteau (avec bougie !)
Retour à la cabane, thé, douche, téléphone à la famille. La vie est belle, finalement.
J’avais prévu d’atteindre le Cap un peu avant minuit, mais ça ne va pas être possible, Isa est excitée comme une gamine à la veille de Noël!
On se ré-équipe «grand-froid» et on se met en route vers le Cap. Il nous faudra 3/4 d’heure pour faire les 26 km tellement le vent est insupportable; la pluie ne s’est pas arrêtée et il fait 2°C !
Après s’être fait braquer 430 NOK pour accéder au parking, nous rejoignions 15 motos, une soixantaine de camping-cars et autant de bus qui déversent des hordes de retraités qui s’engouffrent dans le hall de gare - galerie marchande. C’est pas plus mal, ça fait moins de monde au pied du monument
On y est, pour de vrai !
C’est fait, nous rejoignons le club des motards «qui l’ont fait»
Le vent est tellement fort, qu’il nous est impossible d’enregistrer des messages vidéo.
Les petits vieux se battent à coup de canne pour accéder au socle et se faire photographier tout seul (trop facile, il doit y avoir 200 personnes avec la même envie).
Ça me gâcherait presque le plaisir d’y être arrivé. Eux aussi pourrons dire «nous sommes allés au Cap Nord», mais je ne suis pas sûr qu’il l’aient autant «mérité» que nous avec nos 4000 km sous la pluie !
Petit tour dans le musée et dans le magasin. Tout y est très cher. Certain objets sont 4 fois plus chers qu’au cercle polaire.
On ressort à minuit, re-photo. On re-rentre, cappuccino, téléphone (ce qui nous permet de réveiller tout le monde) + wifi (merci l’Iphone et Flickr-it)
Vers 1 heure du matin, Isa s’aperçoit que la falaise est maintenant absolument déserte.
Elle ressort faire 345 photos; je la vois virevolter autour du globe, toute seule.
Je la rejoins et nous avons (enfin) l’impression d’être seuls au monde, seuls tout là haut …
Moment d’émotion indescriptible
Nous faisons LA photo
On quitte le Cap peu après une heure du matin ... les derniers.
Il fait toujours jour, le vent s’est calmé.
Re-descente en douceur, seuls sous cette lumière si particulière. Des dizaines de rennes sont sortis de leurs abris et nous accompagnent.
Après ce moment paroxystique, le retour se fait dans une sorte de plénitude sereine.
A 1h30 du matin, on retrouve notre rorbu, il fait toujours jour et on n’a pas sommeil !
